Manger pour progresser : pourquoi combler ses calories est important pour la performance sportive
- Frederic Camelot
- 7 oct.
- 4 min de lecture

Il existe une idée tenace dans le monde du sport : pour être affûté, il faudrait manger moins. Beaucoup d’athlètes redoutent le “trop”, comptent chaque calorie, et s’imaginent que la performance naît du contrôle. Pourtant, cette logique mène souvent dans une impasse : celle du manque d’énergie chronique, de la stagnation, et parfois même du surmenage.
Dans la réalité biologique, la performance ne se forge pas dans le déficit, mais dans l’équilibre. Le corps n’évolue que s’il reçoit l’énergie nécessaire pour s’adapter.
🔥L’énergie : plus qu’un carburant
Les calories ne servent pas seulement à “faire tourner le moteur”. Elles agissent comme un signal hormonal et métabolique. Lorsque l’apport énergétique est suffisant, le corps perçoit une forme d’abondance : il investit dans la réparation musculaire, la production hormonale, la densité osseuse, et l’adaptation à l’entraînement.
À l’inverse, un déficit répété envoie un signal de stress. Le corps entre en mode “économie d’énergie” : baisse du métabolisme, troubles du sommeil, perte de force, fatigue persistante. Ce n’est pas de la faiblesse, c’est de la survie. Le cerveau protège ce qui est vital, les organes, la température corporelle et sacrifie ce qui est secondaire : la performance, la fertilité, la progression.
Le déficit énergétique : l’ennemi silencieux des athlètes
De nombreux sportifs s’entraînent dur mais progressent peu ou pas. Ils dorment mal, peinent à tenir leurs intensités, et voient leurs watts ou leurs allures stagner malgré un entraînement rigoureux.
Souvent, le coupable n’est pas le plan d’entraînement, mais un simple manque d’énergie disponible.
Physiologiquement, cela se traduit par :
👉 Une baisse de la testostérone et des œstrogènes
👉 Une diminution de la synthèse de glycogène (le “carburant” des muscles)
👉 Un ralentissement de la récupération
👉 Une fragilisation osseuse et immunitaire
Le résultat : le corps encaisse, mais n’assimile plus. Tu t’entraînes, mais tu ne progresses pas.
Zoom sur le syndrome RED-S : quand le déficit devient pathologique
Le RED-S (Relative Energy Deficiency in Sport) est une condition reconnue par le Comité International Olympique. Elle survient lorsque l’énergie disponible n’est plus suffisante pour couvrir à la fois les besoins de l’entraînement et ceux du fonctionnement de base du corps.
Autrement dit : tu brûles plus que tu ne manges, et ton organisme doit choisir entre performer et survivre.
Les conséquences vont bien au-delà de la simple fatigue :
Dérèglements hormonaux (cycles menstruels perturbés, baisse de libido, chute de testostérone)
👉 Diminution de la densité osseuse → fractures de fatigue
👉 Baisse des défenses immunitaires → Maladie
👉 Troubles de la concentration et du sommeil → Mauvaise récupération
👉 Ralentissement métabolique (et paradoxe : prise de masse grasse malgré le déficit).
Ce syndrome touche autant les femmes que les hommes, et il est souvent sous-diagnostiqué, car ses signes sont discrets au début. Le message est simple : manger suffisamment, ce n’est pas optionnel, c’est une condition de performance durable!
Recharger pour reconstruire : la science de la récupération
Après un entraînement, les muscles sont comme des éponges vides. Ils attendent qu’on les remplisse.
Les glucides servent à restaurer le glycogène, les protéines à réparer les fibres musculaires, et les graisses (saines) à soutenir la production hormonale. Ce moment est une fenêtre métabolique précieuse : le corps assimile mieux les nutriments, ce qui accélère la récupération et prépare la séance suivante.
Un simple repas complet ou une collation adaptée après l’effort peut faire toute la différence : yaourt et fruits, riz et œufs, ou un smoothie maison riche en glucides et protéines. Ce n’est pas un “extra”, c’est du carburant pour ta récupération et ta progression.
Comment combler ses besoins sans se prendre la tête
On parle souvent du TDEE (Total Daily Energy Expenditure), c’est-à-dire la dépense énergétique quotidienne totale. Elle inclut le métabolisme de base, les activités quotidiennes, et bien sûr l’entraînement.
Le but n’est pas de compter chaque calorie au gramme près, mais de veiller à un équilibre global. Quelques repères simples :
👉 Si tu es constamment fatigué(e), irritable ou que ta performance régresse, il y a un manque.
👉 Si ton poids chute rapidement ou que tu récupères mal, ton apport est probablement insuffisant.
👉 Si tu es rassasié mais sans énergie, il manque souvent des glucides.
L’idéal est d’écouter ton corps : la faim, la qualité du sommeil, la motivation à l’entraînement sont de véritables indicateurs métaboliques.
Le juste équilibre : nourrir le corps pour libérer le potentiel physique
Bien s’alimenter, ce n’est pas “se faire plaisir sans culpabilité”. C’est permettre à ton organisme de s’exprimer pleinement. Un sportif qui mange à sa faim, qui recharge correctement, et qui respecte sa récupération, devient plus fort, plus endurant, plus constant. Le déficit chronique donne une illusion de contrôle. L’énergie maîtrisée donne, elle, le pouvoir de durer.
Le corps ne se transforme pas pendant l’effort, mais après quand tu lui donnes les moyens de reconstruire ce que tu as détruit.
Alors la prochaine fois que tu te demandes si tu “mérites” ton repas post-entraînement, rappelle-toi : ce n’est pas une récompense. C’est la suite logique de ton effort. C’est là que la progression commence. 💪








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