Le cerveau : pourquoi la perception de l’effort compte plus que les jambes
- Frederic Camelot
- 3 sept.
- 2 min de lecture

On aime dire que « les jambes parlent » quand la route s’élève. Pourtant, à bien y regarder, ce n’est pas le quadriceps ni le mollet qui décident si tu continues à appuyer ou si tu lèves le pied. C’est ton cerveau. Et il est bien plus malin – et parfois plus limitant – qu’on ne le pense...
Quand les jambes brûlent… mais que le cerveau décide d’arrêter
🔥La douleur musculaire que tu ressens en pleine bosse n’est pas une simple alerte mécanique. Elle est avant tout une interprétation du cerveau.
Les signaux qui remontent des muscles passent par un filtre de sécurité : si le cerveau estime que tu approches du danger (chaleur trop élevée, glycogène bas, cœur qui bat fort), il déclenche cette sensation de “stop”.
Pas forcément parce que tu es vraiment au bout, mais parce qu’il veut éviter la panne sèche.
Le rôle du “gouverneur central”
🧑🔬Le physiologiste sud-africain Timothy Noakes a proposé une idée qui a marqué le sport d’endurance : le Central Governor Model. (source: pub med)
Selon lui, le cerveau fonctionne comme un limiteur de régime. Tu crois que tu es cramé ? En fait, tu roules encore avec de la marge, mais ton système nerveux t’a mis une barrière pour protéger ton intégrité physique.
D’autres chercheurs parlent plutôt d’un système de régulation par perception : ton cerveau ajuste en continu ton allure en fonction de ce qu’il pense supportable sur la durée.
Quand la perception change, la performance change
👉Ce qui est fascinant, c’est qu’en jouant sur la perception, on peut transformer la performance.
Des études ont montré que manipuler la température affichée à un coureur (par exemple, lui faire croire qu’il fait plus frais qu’en réalité) améliorait ses temps.
La caféine ou même un placebo activent le système nerveux au point de repousser la fatigue.
La musique, l’euphorie d’une course ou les encouragements du public réduisent la perception d’effort et permettent d’aller plus loin.
Comment entraîner le cerveau du cycliste ?
💪On parle beaucoup de watts et de FTP, mais rarement de l’entraînement mental. Pourtant, il existe des leviers concrets :
La dissociation : détourner l’attention (compter les arbres, chanter dans sa tête, penser à autre chose que la douleur).
La focalisation : découper un effort en petites étapes, se dire “juste jusqu’au prochain virage”.
Le self-talk : se parler positivement, comme un coach intérieur.
La visualisation : revivre mentalement une ascension réussie avant de la refaire en vrai.
Au final : les muscles poussent, mais le cerveau autorise
L’endurance, ce n’est pas qu’une histoire de VO2max ou de lactate. C’est une négociation permanente entre le corps qui envoie des signaux, et le cerveau qui décide si tu continues ou pas. Comprendre ça, c’est changer ton rapport à l’effort. La prochaine fois que tes jambes crient stop, rappelle-toi : c’est peut-être ton cerveau qui bluffe 😉.
J’accompagne les cyclistes et les coureurs à pied dans la structuration de leurs entraînements, en adaptant chaque plan à leur calendrier de compétitions.








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