Pourquoi ton premier seuil est peut-être plus important que ta FTP
- Frederic Camelot
- 30 sept.
- 4 min de lecture

Quand on parle de performance cycliste, beaucoup de discussions tournent autour du FTP.
Mais il existe un autre seuil, souvent moins glamour, moins utilisé dans les comparatifs, qui joue un rôle fondamental : le premier seuil, aussi appelé seuil aérobie ou LT1 / VT1 (premier seuil de lactate / premier seuil ventilatoire).
Dans cet article je vais développer pourquoi ce seuil aérobie pourrait être plus utile qu’on ne croit, parfois plus crucial que ta FTP, comment le mesurer, comment l’entraîner, et son impact sur ta performance, ta durabilité, et ta fatigue.
Définitions clés
Avant d’aller plus loin, quelques définitions pour qu’on soit sur la même longueur d’onde :
Terme | Qu’est-ce que c’est | Indicateurs physiologiques associés |
Premier seuil (LT1 / VT1 / seuil aérobie) | L’intensité maximale à laquelle le lactate commence à augmenter au-dessus du repos, mais où le système aérobie (oxygène) peut encore gérer les déchets et la demande. | Faible accumulation de lactate, usage majoritaire des lipides comme carburant |
Deuxième seuil / FTP / seuil anaérobie | Intensité proche de celle qu’on peut soutenir entre 30 et 60minutes ; au-dessus de ce seuil l’acidité augmente rapidement, fatigue rapide. | Accumulation plus forte de lactate, transition vers un métabolisme mixte, anaérobie dominant. |
Pourquoi le premier seuil est super important 💪
Capacité à durer + efficacité métabolique
👉 En dessous de LT1, ton corps utilise majoritairement le métabolisme aérobie, ce qui signifie bonne oxydation des graisses, consommation moindre de glycogène. Si tu repousses ton LT1 plus haut, tu peux travailler à des puissances plus élevées tout en restant dans cette zone économique. Ce qui te permet de conserver énergie pour la suite.
👉 Un bon seuil aérobie améliore la capillarisation, l’activité mitochondriale, la capacité de clairance du lactate (même à des intensités plus hautes) parce que le corps est entraîné à gérer de la demande prolongée en oxygène.
Amélioration de la durabilité
👉 La durabilité dépend beaucoup de où est positionné LT1. Si au bout de plusieurs heures d’effort ton seuil LT1 glisse vers le bas, cela signifie qu’une intensité qui était aisée devient plus dure. Il y a des études récentes montrant que le premier seuil diminue après des efforts prolongés, même à faible intensité.
En clair : si ton LT1 est élevé, tu vas mieux « encaisser » les charges longues, tu gardes de la marge avant d’arriver à seuil anaérobie, ce qui réduit la fatigue générale, améliore la récupération, et permet d’aligner plus de volume utile.
Relation avec la performance
👉 Dans les courses longues, comme des cyclosportives, ce ne sont pas toujours les sprints ou les efforts anaérobies qui font la différence, mais la capacité à maintenir un effort proche ou en dessous du LT1 pendant des heures. Plus ton LT1 est élevé, plus tu peux maintenir une plus grande fraction de FTP ou de VO2max sur la durée.
FTP n’est pas tout, et il a ses limites
👉 Le travail à FTP : c’est exigeant, fatigue vite, des récupération plus longue entre les séances. Beaucoup d’athlètes passent du temps à améliorer leur FTP sans assez consolider la base.
Des études montrent que le FTP ne correspond pas toujours très précisément à des paramètres de seuils de lactate. Autrement dit, ton FTP peut augmenter sans que tous les marqueurs physiologiques (dont le seuil aérobie) soient optimisés.
Si ton LT1 est bas, ça signifie que pour beaucoup d’activités, tu es déjà proche ou au-dessus de ce seuil dès que ça grimpe un peu, ce qui provoque fatigue, sur-utilisation du glycogène, répercutions sur récupération.
Impacts sur la récupération, la fatigue, le stress métabolique
👉 Faire beaucoup d’entraînement juste au-dessus du seuil LT1 ou très proche provoque du stress cumulatif : inflammation, fatigue centrale/perceptuelle, etc. Si tu étires ton LT1 et tu fais plus de volume à intensités sub-seuil, tu peux réduire ce stress.
Un LT1 élevé permet aussi de maintenir des intensités modérées pendant longtemps, ce qui aide à « saturer » les systèmes métaboliques aérobie (mitochondries, capillaires…), à stabiliser les effets dérive cardiaque.
Comment le mesurer, comment l’améliorer 🔥
Mesurer le premier seuil (LT1 / VT1)
👉 En laboratoire : test incrémental avec prélèvement de lactate, suivi de la ventilation (VT1) pour détecter le point où les premières augmentations de lactate apparaissent.
👉 Sur le terrain : tests de palier modérés, observer la dérive de la fréquence cardiaque à une même puissance/rythme, ou utiliser des tests de rythme où l’on part lentement et monte progressivement. Des coachs utilisent aussi RPE (échelle de perception d’effort) + FC + sensations respiratoires.
De mon côté j'estime LT1 visuellement avec le retour des séances, les courbes de puissances, cardio, perception de l'effort, le tout en fonction du temps et également ma connaissance de l'athlète.
En tant qu'athlète, je repère physiologiquement mon propre LT1 avec ma sensation de devoir faire l'effort d'appuyer "un peu plus" pour maintenir une certaine puissance. Vous pouvez tester vous-même tout simplement en roulant 40-50 minutes en continu à une puissance qui vous semble être juste à la limite de ce “appuyer un peu plus”.
On compare la FC des 10 premières minutes avec celle des 10 dernières.
Si la dérive est faible (<5 %), on est sans doute à ou en dessous de LT1. Si elle est plus forte, on est probablement au-dessus.
Entraînement ciblé pour améliorer LT1
✅ Volume à basse intensité : longues séances sub-seuil (juste en dessous de LT1) pour habituer le métabolisme aérobie, améliorer l’oxydation des graisses.
✅ Travail de seuil aérobie (paliers, tempo long juste au-dessous de LT1) pour défier légèrement le système sans basculer dans l’anaérobie.
✅ Régularité + progression : augmenter progressivement le temps passé près de ce seuil, augmenter la durée totale des sorties à intensité modérée.
Équilibrer avec le travail autour du FTP / seuil anaérobie
Même si le LT1 est très important, ce n’est pas parce que tu l’entraînes beaucoup que tu peux ignorer totalement FTP. Avoir une FTP élevée permet de faire des efforts plus puissants, mais sans base LT1 solide, ces efforts coûteront plus cher, la récupération sera plus longue, et la durabilité moindre.
Conclusion
En résumé, ton LT1 n’est pas un simple détail, c’est le socle de toute ta performance en endurance.
Plus il est haut, plus tu peux rouler vite tout en restant dans une zone économique, mieux tu économises ton glycogène, et plus tu gagnes en durabilité au fil des heures.
Contrairement à la FTP, qui brille surtout sur les efforts intenses, le premier seuil conditionne ton efficacité dans la majorité du temps passé à l’entraînement comme en compétition.








Commentaires